Banon est un petit village situé au cœur des Alpes de
Haute Provence, anciennes Basses Alpes.
Banon est le chef lieu de canton, ce qui lui vaut de disposer d'un centre de secours (pompiers), d'une école et d'un collège, de trois médecins, d'une pharmacie, de deux kinésithérapeutes,
d'infirmières, d'une gendarmerie, et d'une bonne quinzaines de commerces. Sans compter les trois bars dans lesquels, chaque jour, on célèbre la cérémonie du pastis. Banon est connu pour ses champs de
lavande et son miel (de lavande, le plus souvent). Le village est situé sur les contreforts du Plateau d'Albion, et comme la plupart des villages anciens, sur une bute, ce qui lui permettait de se
protéger. Des remparts l'encerclaient et se refermaient sur le château. La partie haute du village a été progressivement abandonnée par ses habitants qui lui ont préféré le bas, qui s'est développé,
au fil des années, jusqu'à vider totalement le vieux village de ses habitants. Même l'église a du émigrer vers le bas pour ne pas perdre ses ouailles qui ne montaient plus en haut du village pour les
offices religieux.
C'est dans les années soixante dix que des jeunes venus des villes sont venus habiter dans les vieux villages de la région et leur ont redonné vie.
Du point de vue économique, Banon s'appuie sur sa
production de lavande et de lavandin, et de
miel (de lavande, le plus souvent). Le plus célèbre banonais est le Banon feuille, la tome de chèvre enveloppée dans des feuilles de chatâigners, un petit fromage de chèvre
dont les déclinaisons suffisent pour satisfaire les plus grands amateurs de fromages.Et puis Banon c'est aussi Le Bleuet.
La fleur ? Non, la Librairie le Bleuet. Un nom qui cache une aventure fantastique : une librairie avec plus de 150 000 livres dans ses rayons, dans un village de 1 000 habitants ! La sixième plus
grande librairie privée de France. Depuis septembre 2 012, la librairie dispose même d'un service de vente en ligne, www.lebleuet.fr
avec, dit-on, plus d'un million de livres en
rayons !
Aux 17ième et 18ième siècles, il y avait, en lieu et place de l'actuel ancien hôtel-Dieu, deux blocs de trois maisons chacun, contigus à l'église, au presbytère, et au château des Comtes de Tournon / Simiane. Le chateau a été brûlé à la révolution et il n'en reste que des ruines recouvertes de terre, ce qui forme un tertre que l'on nomme pompeusement : "le chateau".
Deux siècles plus tard, Jean Giono décrit l'arrivée de la patache du courrier de Banon conduite par un certain Michel en ces termes : "On va monter, d'abord sous bois, puis à travers une terre malade de lèpre comme une vieille chienne qui perd ses poils. Puis, on va être si haut qu'on recevra sur les épaules comme des coups d'ailes en même temps qu'on entendra le ronflement du vent-de-toujours. Enfin on abordera le plateau, l'étendue toute rabotée par la grande varlope de ce vent, on trottera un petit quart d'heure et, dans une molle cuvette où la terre s'est affaissée sous le poids d'un couvent et de cinquante maisons, on trouvera Banon".
Dans l’une des trois maisons du bloc Sud, l'actuelle Maison des sœurs, il y avait un four banal, au niveau de la ruelle basse. Selon la tradition, le four était mis à la disposition des villageois moyennant certaines règles concernant la fourniture du bois et l'utilisation du four. Le four est encore là mais il s'est écroulé sur lui même et il nécessite une sérieuse restauration pour retrouver son aspect d'origine. Dans la seconde maison, qui donne sur la place de l'ancienne église, il y avait un hôpital, mentionné sur le plan de 1785. Cet hôpital se limitait sans doute à une seule pièce, et il est probable que, selon les dires des anciens, on se contentait d’y administrer des saignées et des lavements ! Il a toutefois fonctionné pendant deux cents ans, aux 16ième et 17ième siècles. Au 19ième siècle, une fois la maison transformée en maison des soeurs, la salle d'hôpital servira d'école et de salle de catéchisme.
Dans la troisième maison, nous avons trouvé des dalles de pierres, en aménageant la chambre du bas, en 2011, après 35 ans d'utilisation de cette pièce comme atelier sans savoir qu'il y avait ce beau dallage de pierres sous les vieux carreaux ! Ces maisons disposaient de caves très anciennes, sans doute du 16ième siècle, peut être même ligures, dont une avec une croisée d'ogives, utilisée aujourd'hui pour conserver les légumes, ...... et le vin.
Une des caves a été aménagée en citerne, lors de la transformation des trois maisons en 1830. Elle existe toujours mais n'est plus utilisée comme citerne.
Le bloc Nord était initialement composé, lui aussi, de trois maisons. Trois maisons privées qui avaient leurs propres cages d’escaliers et dont les toitures étaient sans doute à des niveaux distincts. La tour visible sur l'image ci-contre a été construite en lieu et place de la maison qui était située au coin sud est du paté de maisons. La partie basse a été intégrée au mur de soutènement du jardin et la porte d'entrée maintenue à sa place. On peut la voir en passant dans la ruelle. Le linteau en pierre de la porte d'entrée côté jardin date du 16ième siècle. Le jardin actuel, situé entre les deux murs de soutènement inférieur et supérieur, n'existait pas à cette époque. C'était le cimetière, contigu à l'église, comme souvent, et pentu.
C'est un peu avant 1830 que ces six maisons furent rachetées par le curé de Banon, ancien curé de Digne, qui les regroupa pour créer côté Sud une maison pour les religieuses, et côté Nord un Hôtel-Dieu. Le tout fut baptisé "Hôtel-Dieu de l'immaculée conception". Le bloc Sud a ainsi été transformé en maison d’habitation pour les sœurs à qui devait être confié la gestion du futur hôtel-Dieu. Cette partie de maison, appelée communément Maison des soeurs, a été inaugurée en 1830. L'Hôtel-Dieu proprement dit a été aménagé dans le bloc Nord et n'a été officiellement inauguré qu'en 1885, suite à de longues négociations avec les pouvoirs publics pour le faire agréer. Il fut toutefois mis en service à partir de 1850. Le jardin a été aménagé dans le même temps, en lieu et place du cimetière contigu à l'église. Un imposant mur de soutènement (photo ci-dessus) a été construit en pierres, reliant les deux bâtisses, qui permit de créer le jardin d'agrément pour les religieuses et/ou (?) les malades.
Les toitures ont été surélevées et mises à niveau, une
belle cage d'escalier a été construite dans
le bloc Nord, au détriment des petits escaliers anciens et de quelques beaux encadrements de pierre qui ont été, soit noyés dans les nouveaux enduits, soit masqués. Une des maisons du bloc Nord a été
détruite et remplacée par une tour encastrée dans le coin Sud Est, ce qui confère au bâtiment un petit air de château. Deux grandes salles ont été aménagées pour l'hôpital, au deuxième étage, et
d'autres plus petites au premier et au rez-de-chaussée.
L’hôtel-Dieu a fonctionné pendant près d’un siècle. Au début, les chirurgiens n'étaient autres que les barbiers, comme partout dans le pays, puis la fonction de chirurgien fut reconnu par l'état et les premiers d'entre eux commencèrent à exercer leur métier dans les différents hôpitaux et hôtels-Dieu de France.
Celui de Banon fut donc un hôpital donc aux 17ième et 187ième siècles, puis devint un hôtel-Dieu au 19ième, du fait que sa gestion fut confiée à une conphrèrie de religieuses.
Une vieille banonaise nous racontait en 1976 avoir vu, à travers les barreaux d'une des fenêtres du rez-de-chaussée, les docteurs soigner une bergère qui avait été poignardée dans un champ. C'était sans doute la salle de soins, ou de chirurgie. Une autre vieille a arpenté la maison pendant un bon moment en se demandant où était la morgue, et puis, au hasard d’un palier dans les escaliers, elle s’exclama : « Oh, peuchère, la morgue c’était là ! ». A cette époque là, le local était utilisé comme laboratoire de photographie ! Quand l'information était donnée au stagiaires, certains en palissaient.
Pendant les cent années de fonctionnement de l'hôtel-Dieu, le jardin fut doté d’une véranda qui présenta l'avantage de permettre aux religieuses de se rendre de leur maison à l’hôtel-Dieu s’en s’exposer aux pluies et autres désagréments, mais l’inconvénient de masquer une porte et une fenêtre, et de détruire en partie le très bel encadrement de pierre de la porte d’entrée côté jardin.
En 1930, l'hôtel-Dieu du vieux village a été fermé et transféré dans de nouveaux bâtiments construits en bas du village grâce à une donation de Dieudonné Collomp. Une partie des maisons du vieux village a été détruite au milieu du 20ième siècle car elles menaçaient de s’écrouler sur les voisines. C’est "le Loi" (Eloi Savouillan, le patriarche d'une famille de bâtisseurs banonais jusqu'à aujourd'hui) qui s’en est occupé, pour le compte de la mairie, nous ont raconté de vieux banonais. Il se payait en récupérant certaines vieilles pierres, nous ont-ils dit. Cela a permis de donner un peu d'air aux maisons restantes, jusqu'ici coincées les unes contre les autres, et manquant cruellement de lumière ! L'hôtel-Dieu fut ensuite récupéré par la mairie. Il fut utilisé pendant la guerre pour héberger des réfugiés espagnols qui brulèrent portes et volets pour se chauffer, sans que personne, semble-t-il, à la mairie, ne s’en inquiète. On parle aussi de pèlerins sur la route de Compostelle, mais sans précision sur l’époque de leur passage.
La maison fut ensuite vendue à un maçon rebouteux de Revest des brousses, le Petit Pierre, qui y fit quelques travaux d’aménagement. C’est à cette époque qu’un marseillais acheta la troisième partie de l’hôtel-Dieu, en se limitant à cette seule petite maison, en contrebas des deux autres qui lui semblaient trop grandes et impossibles à restaurer ! Peu soucieux des règles en vigueur ou profitant de l’absence de suivi de la part des services compétents, il construisit une aile à sa petite maison qui en dépareilla l’équilibre architectural et masqua définitivement la vue d’une partie du premier étage de l’hôtel-Dieu.
L'hôtel-Dieu suscita dans les années 70 moult désirs de possession de la part de différentes personnes : un architecte aixois , notamment, qui avait envisagé d'y créer un musée des arts naïfs, et élaboré les plans pour le faire; un autre architecte, Uriel M. qui, ayant passé son enfance dans la maison de ses parents, juste en dessous de l'hôtel-Dieu, rêvait de l’acquérir.
L'hôtel-Dieu fut acheté par une poignée de cousins et non moins amis, Eric Silvestre, Gilles et Sergine Scalabre, par ailleurs "phères artisans" en juillet 1975. Grégoire le fils de Gilles et Sergine n’avait alors que quelques mois mais il n’est pas prés d’oublier ses années dans l’ancien hôtel-Dieu. Ils se lancèrent dans une restauration sans fin, tant la maison était grande : deux maisons de quatre niveaux, quarante pièces, une toiture à refaire, l'autre à moitié écroulée. Imaginez un peu le travail ! 37 ans plus tard, il y a encore des parties qui n’ont pas été restaurées et qui en auraient besoin. Et il semble qu'il y ait une pièce dont l’existence reste à vérifier !
C’est donc de 1975 que date le concept d'ancien hôtel-Dieu, du fait de ses nouveaux copropriétaires, qui trouvaient le nom "ancien hôtel-Dieu" plus élégant que vieil hôpital. Et en plus il était clairement inscrit "Hôtel-Dieu de l'immaculée conception" sur la plaque de pierre fixée au dessus de l’entrée.
Exit donc l’hôtel-Dieu, et bienvenue à l'ancien hôtel Dieu et à la Maison des sœurs, avec une cargaison d'aventures en tout genre racontées dans les chapitres suivants, avant d'arriver à l'actualité du jour, à l'aménagement des lieux et aux offres de location.
Quelques siècles sont passés, de miches de pain cuites dans le four banal, de pas sur le dallage en pierre de la pîèce d'en bas, de malades soignés dans la salle d'hôpital, puis dans l'hôtel-Dieu, de bonnes soeurs virvoltant entre la maison des soeurs et l'hôtel-Dieu, de réfugiés espagnols, .....
Et puis 37 années sont encore passées dans un hôtel-Dieu devenu l'ancien hôtel-Dieu, avec les travaux, la menuiserie, les stages, les Fêtes du vieux village, les départs et arrivées de corpropriétaires, les amis de passage, les spectacles, jusqu'aux dernières restaurations, fort belles il est vrai, avec à la clef, une sorte de phalanstère
37 années d'une aventure qui ne renie pas son passé et ses motivations soixantuitardes, avec une première période racontée dans le chapitre intitulé "La folle épopée des années 70, 80", avec deux sous chapitres croustillants : "Les stages" et "Souvenirs souvenirs", une longue suite sans vagues et donc sans commentaires ni chapitres dans ce site, et puis une actualité chaude, qui vient de redonner à l'ancien hôtel-Dieu toute sa force créatrice.
Maison de retraite hier, maison de retraite aujourd'hui encore, certes, mais une maison de retraite de potes, avec des projets plein les têtes ! Une affaire de "jubilacion", comme disent les espagnols.
Une maison pour vivre et recevoir des amis de passage, des locataires, et des hôtes.
Toutes les informations sur les parties locatives, les curiosités locales, les actualités de la maison, l'ambiance dans les diffétrentes parties, les activités, sont dans les chapitres qui suivent.