En 1976, suite à la rencontre fortuite de Serge Devic , créateur et responsable du Centre artisanal de Puyharas, pendant les vacances de Pâques, nous nous sommes lancés dans la grande aventure des stages d'été. Un article ditirambique dans la revue "Cent idées" sur les stages de Puyharas avait provoqué une avalanche de demandes pour des ateliers de photo et de danse qui n'existaient pas ! Serge nous a donc proposé de les prendre en charge à l'ancien hôtel-Dieu, selon une formule mixte avec les stages chez nous et les repas de midi et du soir à Puyharas. Mais pour accueillir les stagiaires, il fallait aménager une salle de danse, un labo photo, quatre chambres, un service pour le petit déjeuner, de l'eau chaude à tous les étages, .... un pari fou pour lequel nous n'avions que trois mois devant nous. Nous avons donc lancé les travaux à Pâques pour un accueil des premiers stagiaires début juillet 1976. Au programme :
Les premiers stages ont donc concerné la danse et la photo, dans la salle de danse frâichement aménagée, et dans le tout nouveau laboratoire photo noir et blanc, avec du matériel récupéré un peu partout (au studio Rouchon et chez Patrick Scalbert). Sergine et Jean Marie Micaud assurèrent les stages la première année, puis d'autres amis prirent le relais : Emmanuel Jérome Boré, Diane Bertrand, Eric Silvestre. Les stages duraient une petite semaine et on travaillait le matin. Tout le monde descendait à Puyharas pour les repas de midi et du soir, et le dernier jour, vendredi soir, on organisait une exposition avec certains produits des stages. Une belle occasion de faire des fêtes mémorables dont certaines se sont terminées dans la piscine, habillés, voire en bicyclette !
Au fil des années, de nouvelles disciplines furent proposées, telles que la menuiserie, comédien clown, marionnettes géantes et mime, sculpture, avec comme formateurs : Guillette Lyr, Philippe Cohen, Sarah Barberis, Eric Silvestre, Gilles Scalabre, Nack Bèze, ......
En 1981, l'ancien hôtel-Dieu se sépara de Puyharas et opta pour une nouvelle formule de stage, fondée sur le désir des participants de travailler de façon plus conséquente. Les stages duraient dix jours, et non plus cinq, et on travaillait matin et soir, ce qui permettait d'obtenir des résultats plus intéressants. Les formateurs étaient tous professionnels.
Les stages s'orientèrent sur le spectacle et la fête et devinrent "Les ateliers du spectacle et de la fête", avec comme thèmes : les marionnettes géantes, le pantomime, le théatre, la vidéo, le jonglage, les percussions, comédien clown, le maquillage, et toujours la photo et la danse. Il y eu, entre autres formateurs, les Peabody Brothers, Jean Pierre Beauredon, Adrien Favreau, Eric Angel, Nadia et Jean Pierre Arlaud, Guyette Lyr, Charly Brown, ....
Cette époque fut marquée, six étés durant, par les Fêtes du vieux village qui clôturait le stage de fabrication de marionnettes géantes et dont le souvenir dans la mémoire locale, n’est pas près de s’effacer. Il y avait dix jours de fabrication d'une grande marionnette, sur le thème de l'année, et de petites marionnettes par chaque stagiaire, sur le même thème. Une parade était organisée en ouverture de la Fête, qui partait du bas du village, serpentait dans les ruelles, et terminait sa course sur la place de l'église ou au chateau. Différtents spectackles étraient alors donnés sur les différents sites du vieux village, gratuits, et pour certyains, joués plusieurs fois, de façon à ce que l'ensemble des spectateurs puissent les voir.
La magie de cette fête était directement liée à l’imagination de Nadia et Jean Pierre Arlaud, des amis marionnettistes suisses qui animaient l’atelier de marionnettes et assuraient la direction artistique de la parade dans les ruelles du village.
La logistique était assurée par une poignée de banonais dont principalement Marie Pierre Buquet, René Esmieu, Eric Silvestre, sans oublier les amis tels que Christine Lebrun, Gaby Martin, et d'autres encore.La fête du vieux village mobilisa chaque année de plus en plus de monde. La logistique était assurée par l'équipe de l'ancien hôtel-Dieu avec la précieuse collaboration de quelques amis proches dont René Esmieu, Marie Pierre Buquet, Gaby Martin, du Syndicat d'initiatives. Sans oublier, pour les stages et la fête, la collaboration généreuse et efficace de Christine Lebrun, aujourd’hui disparue, qui pallia l’éloignement progressif de Gilles et Sergine Scalabre, aux côtés d'Eric Silvestre.
Lors des fêtes du vieux village, et à diverses occasions, l'ancien hôtel-Dieu accueillit de nombreux spectacles dont ceux de : Seydina Insa Wade, Vincent Roca, Jean Pierre Beauredon, la famille Arlaud, Marc Roger, France Léa, Pianocolorifol, .....
Les stages s'enrichirent, les dernières années, d'un
atelier de photo-journalisme organisé par Jack Burlot (pionnier du photojournalisme), et Pierre Jean Amar (spécialiste du noir et blanc), à
travers l'association Gamma Formation, proche de l’agence Gamma. Les deux compères avaient longuement
travaillé pour mettre au point une pédagogie forte qui permette aux stagiaires d'entrer de plain-pied dans l'esprit du photojournalisme; des milliers de diapositives avaient été analysées pour en
saisir les nuances techniques de prises de vue, des exercices in situ étaient proposés aux stagiaires, comme la
descente en rappel d'une petite falaise dans les gorges du Verdon, pour couvrir une prétendue intervention des pompiers, .... les stages accueillaient en juillet août des amateurs avertis, voire des
professionnels, et en septembre, des pros, dont certains avaient choisi de faire ce stage très professionnel pour passer du reportage au photojournalisme.
Comme dit le vieil adage : "Il faut une fin à
tout". Celle de l'épopée
des années 70/80 de l'ancien hôtel-Dieu arriva en 1990, une année qui marqua la fin de cette période un peu folle, commencée par l'installation de Gilles, Sergine et Eric, suivie de la
première restauration de l'ancien hôtel-Dieu, du mariage d'Eric, de la création de l'Atelier du Grand Jeu (la menuiserie), des stages, des ateliers du spectacle et de la fête, des stages de
photojournalisme et des Fêtes du vieux village.
Après le départ de Gilles et Sergine et la privatisation des espaces dans les deux maisons, les arrivées et départs de nouveaux copropriétaires se succédèrent au fil des années.
Les maisons bénéficièrent de restaurations conséquentes, les salles de danse et de musique de l'ancien hôtel-Dieu furent rassemblées, une nouvelle petite maison fut raccrochée aux deux premières, que Grégoire reçut pour ses quinze ans, la petite maison sous l'hôtel-Dieu, puis une autre sur la place de l'ancienne église, qu'habite aujourd'hui Riose Voisin. Le chauffage central fut installé dans les deux maisons, l'atelier de menuiserie devenu restaurant se mua en salle de jeu, on fit un stage étonnant de restauration de l'habitat ancien avec un groupe constitué quasi exclusivement de femmes, on accueillit pour le Carrefour de l'artisanat rural une poignée d'africains qui défrayèrent la chronique de Banon, avec notamment les tisserands installés sur le trottoir et la gargote de Mama Sacko sur la place du village, on fêta quelques beaux évènements, mariage dans la cour, anniversaire avec ballade en montagne, concert de violoncel dans une bergerie, et spectacles à la maison. Et puis ces dix dernières années, les maisons restèrent quelque peu sans voie ni voix.
Et puis Christine Lebrun, Gaby Martin, Daniel Arasse, Marc Favresse, Lucille Bertrand, Pierre Martel, Hervé Dubreil et René Esmieu nous ont quittés. Mais on ne les oublie pas.